En tant que CEO EMEA de Weborama, Mykim Chikli est profondément convaincue que l’avenir de notre entreprise repose en grande partie sur notre capacité à promouvoir l’inclusion et en particulier celle des femmes dans les secteurs de la technologie et de la data. Bien que ces domaines soient en constante évolution et parmi les plus dynamiques de notre époque, ils sont malheureusement encore marqués par une sous-représentation féminine flagrante. Selon une étude de GenderScan datant de début 2022, la proportion de femmes occupant des postes dans la tech en France n’a pas augmenté, demeurant inférieure à 20 %. Cette proportion diminue davantage pour les postes à responsabilités.
Ma participation récente à la table ronde « Women in Data : Faire Progresser les Stratégies d’Embauche et de Croissance » lors du Snowflake Data Cloud World Tour (demandez-moi le replay!), aux côtés de Sophie Gallay (Etam), Eugénie Le Tanneur (Theodo) et Karen Beauné (Snowflake), a ravivé ma conviction quant à l’importance cruciale de cette mission. Dans cet article, je vais livrer un condensé des bonnes pratiques discutées lors de la table ronde, dans l’espoir de vous inciter à vous joindre à cet effort essentiel. Je suis impatiente de découvrir vos initiatives, alors n’hésitez pas à les partager dans les commentaires.
Les défis rencontrés par les Femmes dans notre industrie
En 2023, seules 7 % des adolescentes déclarent avoir envie de s’orienter vers le numérique contre 29 % des garçons, selon l’enquête internationale Gender Scan, qui étudie la place des femmes dans les sciences et technologies. Si on met de côté le manque encore très important d’étudiantes ingénieures, celles qui suivent cette filière font encore face à des challenges importants. Bérangère Couillard, la ministre de l’Égalité entre les hommes et les femmes. Les femmes sont sous-représentées dans les filières numériques « à cause du manque de modèles féminins et d’un frein à l’orientation par l’entourage, mais aussi par peur du sexisme »
En effet, malgré les progrès accomplis, ces dernières années continuent de faire face à de nombreux défis dans le domaine de la tech ! Trop nombreux sont les témoignages de celles qui révèlent des situations où leurs voix sont étouffées en réunions, dont les idées sont négligées, voire réappropriées par d’autres… Les obstacles les plus courants incluent la discrimination, les stéréotypes de genre, le manque de modèles féminins et les disparités salariales. Ces situations dissuadent souvent les femmes de poursuivre une carrière dans la tech, contribuant ainsi à la spirale de la faible représentation féminine. Pourtant, ce n’est pas faute de le rappeler : la diversité des genres est un moteur de croissance et de développement pour nos entreprises et notre société.
Alors comment attirer plus de talents féminins dans nos entreprises ?
Trois priorités clés ont été évoquées :
- Créer un environnement accueillant et inclusif pour encourager la mixité
Pour lutter contre la discrimination de genre, il ne suffit pas d’augmenter le nombre de femmes dans nos rangs ; il est crucial de s’attaquer aux problèmes sous-jacents, comme l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes dans notre secteur et le manque de transparence sur les salaires.
La compétence détermine le salaire.
Une récente enquête de 50inTech révèle que 77% des françaises travaillant dans notre industrie se sentent sous-payées. Le manque de transparence sur les rémunérations crée des obstacles : 51% des françaises ont une mauvaise connaissance de leur valeur marchande. Caroline Ramade explique : “Sans données de référence, sans grille de salaire conventionnelle ou interne à l’entreprise et sans politique RH claire sur le sujet, il n’est pas possible de se positionner et d’argumenter sur ses compétences. Responsabiliser les femmes, c’est leur donner accès à un outil de calcul des salaires et introduire la transparence salariale comme une obligation à toutes les étapes : de l’offre d’emploi aux perspectives d’évolution au sein de l’entreprise.”
Former et montrer l’exemple.
Aussi, promouvoir une culture inclusive, briser les stéréotypes, et valoriser chaque membre de nos équipes est essentiel pour attirer davantage de femmes dans nos métiers techniques.
Nous devons créer un environnement qui soit non seulement plus accueillant, mais aussi plus à l’écoute.
Sans formation ni incitation formelle, la mixité ne se fait pas naturellement dans les entreprises de Tech. La formation des managers sur ces enjeux revêt une grande importance afin d’aider les responsables d’équipes à surmonter les biais cognitifs et à recruter dans des viviers plus diversifiés. Et ce d’autant plus quand les managers sont des hommes.
Une action toute simple, nos salles de réunion portent le nom de femmes ingénieures célèbres : Grace Hopper, Ada Lovelace, Margaret Hamilton, Hedy Lamarr ou encore Mary Keller !
Créer des activités inclusives par essence.
Enfin, évitons d’organiser des activités et animations internes uniquement masculines, proposons des activités mixtes qui permettent de réunir toutes les diversités et de renforcer durablement la cohésion d’équipe.
Par exemple, chez Weborama, nous avons récemment célébré nos 25 ans autour d’initiatives sociales pour embarquer et sensibiliser tous nos collaborateur·ices dans nos engagements RSE. Femmes et hommes ont contribué au soutien de trois causes
- Le cancer et le travail « Working with Cancer » en partenariat avec RoseUp Association
- l’intégration de jeunes lycéens de zones défavorisées en collaboration avec le lycée Berthelot à Pantin,
- La reconversion professionnelle des trentenaires dans le domaine de la Data grâce à Oreegami.
En plus de mobiliser les collaborateur·ices et de créer de la cohésion d’équipe, ces activités visent à créer un impact positif dans l’entreprise et à promouvoir la diversité.
2. Attirer les talents féminins en soulignant l’importance de la mixité dans la Tech
La posture du ou de la dirigeante.
Vous l’aurez compris, je pense que la diversité des genres au sein de l’entreprise est essentielle pour aborder les défis technologiques de notre époque. Des équipes diversifiées génèrent de nouvelles perspectives, renforcent la créativité et améliorent la pertinence des produits pour tous les utilisateurs. Au-delà de l’aspect homme-femme, la diversité en general apporte un avantage concurrentiel indéniable. Je parle ici du genre, de la religion, de l’origine ethnique, de la nationalité, de l’âge ou de la langue. Oser nommer une femme CEO est un signal fort donné par l’entreprise.
La démystification de la “tech”.
Les outils « no code » deviennent de plus en plus courant, offrant la possibilité aux hommes comme aux femmes, de créer des solutions technologiques sans formation ingénieur. Il est important de le faire savoir pour pouvoir démystifier notre industrie et donner envie de nous rejoindre. En effet, la technologie ne se limite donc plus au codage et à l’ingénierie, mais s’étend à la compréhension des besoins des utilisateurs, à la conception d’interfaces, à la gestion de projets, à la commercialisation, au marketing, et bien plus encore. Communiquons davantage sur la pluralité des métiers au sein de notre industrie, et encourageons les femmes à explorer ces domaines tout aussi essentiels pour le succès de l’entreprise.
Le témoignage.
Weborama cherche activement à recruter des femmes pour rejoindre notre équipe à œuvrer pour une industrie plus inclusive.
Pour ce faire, je pense aussi qu’il faut libérer la parole en donnant aux femmes des espaces d’expression pour qu’elles puissent partager leurs visions et leurs idées. Pour cela nous avons récemment décidé d’interviewer nos collaboratrices « She Innovates: Women of Weborama » pour partager leurs témoignages inspirants et mettre en lumière toutes les expertises qui œuvrent au succès de notre entreprise.
3. Instaurer des pratiques de recrutement inclusives
Vingt-cinq critères de discrimination sont recensés en France. Si l’âge reste le premier motif, le genre ainsi que les origines sociales et ethniques arrivent en deuxième et troisième position.
Pour favoriser la diversité des genres au sein de notre entreprise, nous devons adopter des pratiques de recrutement inclusives qui mettent l’accent sur l’expérience et les compétences, et pas seulement sur les diplômes.
Travailler sur les biais cognitifs.
Ce travail passe par la reconnaissance des biais cognitifs qui peuvent influencer nos processus de recrutement. Ces biais, comme celui qui pousse à embaucher des personnes qui nous ressemblent, touchent tou·tes les recruteur·ses sans distinction, dans les petites comme les grandes entreprises. Si les recruteurs sont uniquement des hommes, le risque est grand de recruter des hommes issus de formations similaires.
Les femmes attirent les femmes.
Pour cette raison, nous recommandons vivement lors du processus de recrutement, la présence d’une femme à l’entretien qui rassure la candidate. Celle-ci se sentira mieux comprise et plus à l’aise pour s’exprimer librement et poser des questions relatives à ses attentes.
Retenir les talents féminins.
Leur offrir des perspectives de carrières et travailler de manière proactive avec elles pour explorer de nouvelles voies de développement de carrière.
On constate aussi qu’il est judicieux et pertinent de réduire l’isolement des femmes au sein de ces entités en veillant à ce que plusieurs femmes travaillent dans la même équipe.
Il est grand temps d’agir !
Le diagnostic est formel : la tech européenne est malade de son manque de représentation féminine. Selon les données compilées par l’étude McKinsey « More Women in Tech », la part moyenne des femmes dans ce secteur d’activité au sein des 27 pays de l’Union européenne s’élève péniblement à 22 %. Ce qui fait état d’un déficit de talents technologiques oscillant entre 1,7 million et 3,9 millions de personnes d’ici à 2027.
La promotion de la diversité et de l’inclusion dans le secteur de la tech, comme dans tous les secteurs d’activités, est un impératif sociétal et une nécessité pour la prospérité économique.
En surmontant les défis actuels, en reconnaissant les avantages de la représentation féminine, ethnique, culturelle et en mettant en œuvre des actions concrètes, nous pouvons créer un environnement plus équitable pour donner envie aux jeunes femmes de faire carrière dans notre secteur.
Il existe des solutions, cet article ne partage qu’un condensé d’actions menées. C’est enthousiasmant de constater le développement des initiatives au sein de de notre marché: comme l’ouverture du réseau Women in Programmatic en France, la Journée de la Femme Digitale fondée par Delphine Remy-Boutang, le site d’offres d’emploi 50inTech, la Fondation Femmes@Numérique qui regroupe à ce jour 40 entreprises depuis sa création en 2018, le réseau Women in Technology en France, mais aussi toutes les actions menées localement: le Women’s Data Day à Bordeaux, le Girls Tech Day organisé par Orange à Marseille,
Soumettez-nous vos initiatives !